Rétroplane à Vauville
Avec 7 années d’existence, Rétroplane est devenue désormais la rencontre incontournable des passionnés de planeurs « bois et toile ». Organisé à l’origine par Joëlle et Vincent Besançon, la petite communauté de pilotes/constructeurs s’est considérablement étoffée en nombre de participants, et s’est exportée hors de nos frontières (Irlande en 2009, Allemagne/Wasserkuppe en 2010) pour enfin revenir en France cette année, sur les côtes du Cotentin, à Vauville près de Cherbourg dans la manche.
Séquence nostalgie
Vauville, haut lieu du vol à voile Français
Sauf pour les initiés, le nom de Vauville est maintenant à peu près oublié et ignoré du monde vélivole actuel. Pourtant, créé par « l’Association Française Aérienne » (A.F.A.) et soutenu par notre ex-confrère « Les Ailes » dont le regretté Georges Houard était l’âme, ce petit terrain perdu dans la Hague a joué un rôle prépondérant au tout début du vol à voile; puis après une longue éclipse, et les sinistres de la guerre, Vauville, transformé, reprend une vigueur nouvelle avec l’activité régulière des vélivoles de Cherbourg. |
Toutefois, jusqu’ici, on n’y pratiqua guère que le vol de pente, tant parurent longtemps inaccessibles les performances en cette extrémité du Cotentin ; pourtant, l’ardeur des jeunes a peu à peu forcé le destin et, aujourd’hui, mieux équipés, ils s’apprêtent à un nouveau départ.
Qui pouvait, mieux que Georges Abrial, en être l’historiographe ?
En effet, authentique pionnier, toujours sur la brèche, il fut de toutes les étapes rappelées dans son étude : présent à Combegrasse, avec son planeur Levasseur-Abrial, il est commissaire au premier rassemblement de Vauville en 1923. En 1925, son planeur « Vautour » bat, avec Auger, le record d’altitude.
Ce sont ses notes de voyage à la Rhöen qui provoquent la fructueuse participation Allemande au concours de 1928 ; il est du concours de 1931 avec le groupe « l’Air » qu’il vient de fonder ; et c’est ce club qui, désertant en été la région Parisienne, accumule heures de vols et brevets sur la pente de Vauville.
Mais c’est dès l’après guerre que Georges Abrial apportera sa pleine mesure à Vauville. En plein accord avec le Président Houard, il établit un nouveau plan du terrain ; les bâtiments sinistrés sont rasés et, avec les appuis nécessaires naîtra l’actuel Camp Maneyrol, amélioré chaque année, depuis son inauguration en 1951.
Son étude nous fait survoler près d’un demi-siècle d’histoire : Concours historiques des années 20 ; avatars d’un terrain bientôt dépassé, enfin renouveau avec l’Aéro-Club local, qui malgré maints obstacles, s’apprête à un décisif tournant.
Après Georges Houard, hélas décédé en 1963, l’AFA (qui compte outre Mme Houard, des pionniers et personnalités comme MM. Riffard, Nessler, Dollfus, Le Bloch, Fouché, Morisset, Rousset etc …) a nommé Georges Abrial à sa présidence ; il séjourne chaque été à Vauville et s’y consacre à perfectionner « son » Camp Maneyrol. Et il vole (à 71 ans) avec un enthousiasme que le temps n’entame pas. Il a piloté 282 types différents d’avions, planeurs, autogyres et totalise actuellement 3130 heures de vols, dont plus de 1000 sur planeur. Et il continue.
Si vous souhaitez en savoir davantage sur cette longue et passionnante histoire, consultez ce site : http://www.maquettes-planeurs.ch/dbj2mcl/planeurs-biblio/fac-similes/Vauville_HautLieuduVolaVoile.pdf
(livret chargeable en PDF)
Météo
Le Cotentin n’est pas une région réputée pour être particulièrement chaude et ensoleillée. La semaine précédent la rencontre des 9 et 10 Juillet fut particulièrement fraîche et ventée avec de nombreuses précipitations.
L’optimisme n’était pas de rigueur, mais la météo locale annonçait une nette amélioration pour le week end. Et de fait, le samedi fût une excellente journée avec des éclaircies et un vent orienté perpendiculairement à la pente. Idéal. |
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Séquence apéro
On vient de loin pour participer à Rétroplane. Cette rencontre réussit le tour de force de réunir des Irlandais, Anglais, Allemand, Autrichien, Suisse, Tchèque, Belge et bien sur des Français. Et tout ce petit monde parvient à communiquer, bien que ne parlant pas la même langue.
Tous les participants étant arrivés, le vendredi soir a été consacré à la traditionnelle exposition des fuselages. Celle ci s’est déroulée sur la plage de galets jouxtant le camping. L’engouement pour cette rencontre ne se dément pas, tous les ans la file de planeurs se fait plus longue. Imaginez 103 fuseaux alignés côte à côte (90 l’an dernier) et majoritairement uniques, il y a peu de doublons. Je connais peu de rencontres qui puissent s’enorgueillir d’un tel succès. |
Une nouveauté cette année, qui avait été initiée l’an dernier par l’équipe Tchèque, le déguisement des pilotes et de leurs compagnes en costume d’époque. Si peu de personnes ont joué le jeu, certains n’ont pas hésité à confectionner leurs vêtements, y compris leurs compagnes, avec une élégance certaine. D’autres étaient un peu plus fantaisistes, plus proches de Cro-Magnon que des années 1930, mais l’essentiel était de s’amuser et ce ne fut pas triste. Bien au contraire.
Suite à cette exposition et ce défilé de mode (hum…) l’habituel apéritif géant a eu lieu sous un grand barnum que l’organisateur (Jean Claude Crétal du club de la Hague) avait eu la bonne idée de faire installer afin de nous protéger du vent et de la pluie.
Le principe de cet apéritif géant est que chaque participant mette en commun toutes sortes de denrées et boissons exotiques, originaires de sa région et/ou pays. D’où un panel de produits aux saveurs très diversifiées. Il faut bien nourrir plus de 120 personnes, mais la quantité (et la qualité) est bien là et il y en aura assez pour tous les soirs de la rencontre et même au-delà. Mais le plus important, c’est de se retrouver chaque année entre copains afin d’échanger nos idées et astuces sur les méthodes de constructions. Hors rencontre « officielle », il y a aussi les soirées resto et les ballades pour visiter la région.
C’est également lors de cette soirée que s’est faite la remise des lots à chaque concurrent, constitués de plans, kits de construction, cales à poncer et autre accessoires tous très utiles à notre hobby. Vous en connaissez beaucoup de rencontres ou l’on ne paie pas de droit d’inscription, ou l’on vous gratifie de cadeaux et que le repas est gratuit ?
Et il y a aussi l’attribution de la nervure d’or (très convoitée) qui récompense la plus belle construction. Celle ci est l’oeuvre de Frédéric Maix, avec le Willy Farner WF-7, un beau bi plan (le planeur, pas Frédéric) d’environ 6,200Kg et qui a la particularité de ne pas posséder d’ailerons, l’axe de roulis étant obtenu par un système de vrillage des ailes. Je ne vous dis pas le casse tête pour réaliser et régler la commande par câbles. Du travail d’orfèvre, et un trophée amplement mérité. |
Séquence vols
Autant le dire tout de suite, le samedi fut la journée où tout le monde a volé sans la crainte de descendre au trou. Le vent oscillait entre 15 et 17 nœuds, très laminaire, bien face à la pente. De ce fait, tous les modèles, du plus petit au plus gros ont pris leur envol pour le plus grand plaisir de leur pilote. Il était facile de tenir l’air dans cette dynamique puissante, de descendre très bas, chose inhabituelle que de voir son planeur par-dessus, puis remonter et satellisé en quelques instants sans difficulté. Ainsi, les passages au ras de la pente, à hauteur des yeux, ou en venant de l’arrière ne posaient pas de problème. De même, l’atterrissage sur une large zone sans aucune turbulence, tapissée de bruyère constituait un amortissement des plus efficace. Et si on était « trop long », le planeur repartait dans la pente pour effectuer une nouvelle approche, sans aucun stress.
Beaucoup de premier vol ce jour, tel le Willy Farner de Frédéric qui à peine dans son élément a montré de bonnes dispositions, juste quelques crans de trim et c’est un vrai plaisir de le voir évoluer lentement, ou bien le Tri plan Clément Bonnet construit en tube d’alu, par Vincent Besançon. La machine, assez complexe, a eu besoin d’un peu de mise au point pour voler correctement. Il y a eu aussi le Fafnir de Christian Guillaume. Cinq mètres d’envergure et une finesse extraordinaire. Là encore, ce premier vol s’est parfaitement déroulé, avec des évolutions douces et coulées. Un régal pour les yeux. Beaucoup d’autres encore qu’il m’est impossible de citer ici, la place manquera, qu’ils veuillent bien me pardonner.
Le dimanche, le soleil est bien plus présent et la température en nette hausse. En contrepartie, le vent, toujours aussi bien orienté a baissé en intensité et le matin les vols furent moins nombreux. Au cours de la journée, le mercure a monté et généré des ascendances qui, combinées avec le vent ont permis de beaux vols tout en finesse. Le pilotage est plus technique mais quelle joie d’exploiter ces « pompes » et de gagner de l’altitude mètre par mètre. Il fallait être doux aux commandes sous peine de perdre rapidement tout le bénéfice d’un pilotage soigné. Là encore, la journée fut particulièrement bien remplie et c’est avec des visages souriants et rougis par le soleil que Rétroplane s’est achevé.
Séquence bonus
En marge de la rencontre, le club de la Hague avait mis à notre disposition son terrain situé sur le camp Maneyrol pour une journée de remorquage. Trois puissants remorqueurs étaient disponibles et n’ont pas chômé tout au long de la journée pour mettre en l’air bon nombre de planeurs |
Les conditions n’étant pas exceptionnelles, la durée des vols s’en est ressentie, mais très souvent, à peine posé le planeur se présentait à nouveau pour un autre remorquage. Certains ont ainsi accumulé un nombre impressionnant de vols.
Courte finale
Cette année, beaucoup d’heures de vol accumulées grâce à de bonnes conditions météo et un site de vol exceptionnel, ainsi qu’une excellente organisation. Quelques crashs sont à déplorer, mais cela fait partie des risques et il faut savoir l’accepter.
Rétroplane est une rencontre atypique qui ne vit que par la volonté de personnes dévouées qu’il faut remercier vivement pour leur engagement et cela pour le plaisir de tous. Je tiens à féliciter et remercier chaleureusement Joëlle et Vincent Besançon, les initiateurs de la rencontre, Jean Claude Crétal du club de Cherbourg Hague ainsi que son Président, Jacques Paysant Le Roux (vous savez, le père de CPLR, 5 fois champion du monde de voltige F3A) qui nous ont accueilli sur leur terre ainsi que tous les généreux donateurs et partenaires, sans qui cette manifestation ne pourrait exister. Sans oublier tous les participants pour leur bonne humeur et leur sens de l’entraide, qui font de cette grande fête du planeur rétro ce qu’elle est.
Longue vie à Rétroplane.
La nouvelle est tombée début Décembre: Rétroplane 2012 se tournera à nouveau vers une destination lointaine puisque la rencontre se déroulera du 26 au 30 Juillet en Autriche, sur les pentes du Spitzeberg haut lieu du vol à voile Autrichien, à une cinquantaine de Km à l’Est de Vienne.
Michel MALABAT
Pour visiter le site : www.retroplane.net
Les partenaires
Coopaéro Tee shirt
Island Models Short kit planeur
Stéphane Mugs Rétroplane
Jean Paul Colle Super glue
Peter Flacon brunisseur d’acier
Pierre Plan Storch V
Matthieu lot d’anciens N° de RCM
Marc Rigolot Champagne
Settimo Celia-Modélismo Revue Italienne
Model Magazine Abonnements
Aufwind revue Allemande Abonnements
Barras Enseignes Autocollants Rétroplane
Vincent Thermomètre en sapin et petits accessoires
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