Week-end vol de pente à Cherbourg
Au sein du club, un petit groupe de fondus du planeur s’ennuyait ferme. Chacun volait individuellement en rêvant à des cieux azurés ou il serait possible de tenir l’air indéfiniment. Une idée un peu folle germa dans nos esprits torturés : pourquoi ne pas se regrouper et se rendre dans ces lieux idylliques ? Le projet était né, il ne restait plus qu’à le concrétiser. Ce que je fis.
La première chose fut de réunir assez de pilotes pour organiser cette sortie et ensuite, déterminer le lieu de nos « exploits ».
Il y a quelques années, je me suis rendu à Cherbourg, et en visitant la côte, j’ai découvert le site des « Pierres Pouquelées ». Cette colline d’environ 130 mètres d’altitude domine la mer coté Ouest avec un immense plateau herbeux permettant de se poser en toute sérénité. La date fût arretée au week end de la Pentecôte. Nous verrons plus loin que ce n’était peut être pas la meilleure période. Un échange d’e-mails avec l’office du tourisme de Cherbourg a permis d’obtenir de la documentation sur les possibilités d’hébergements dans les campings avoisinants. Le choix fût rapide, le nord du Cotentin possède peu de camps et certains ne sont pas encore ouverts en cette période de l’année.
Il ne restait plus qu’à convaincre nos épouses respectives de venir passer quelques jours au bord de la mer, non pas pour bronzer (heu… le soleil en Mai cette année, bof) mais plutot pour admirer nos chers modèles en vol.
Quelques planeurs sont entassés dans la voiture et c’est parti pour l’aventure en terre Normande.
Arrivés sur place, installation rapide au camping, regroupement des pilotes déjà sur place et direction la pente pour une reconnaissance des lieux. Déception : les Pierres Pouquelées sont orientées Ouest et le vent est de secteur Nord. Nous nous mettons en quête d’un autre site, et à quelques centaines de mètres nous découvrons une « pentounette » qui nous parait accueillante. Sans plus tarder, des petits planeurs électriques sont assemblés et lancés au « trou » pour voir. Confirmation de ce que nous pensions, ça porte mal, la pente est déventée par la colline d’en face. Il doit cependant y avoir un dieu des modélistes. En chemin nous croisons un modéliste local qui se propose de nous guider vers des lieux plus propices à nos évolutions.
Le cortège de voitures s’ébranle (je rappelle que nous sommes 6 pilotes + nos compagnes). Première pente, pas terrible. On ne voit pas le fond du trou, ce n’est pas engageant, et pire, le champ pour poser ressemble à un confetti et de plus très incliné vers la mer.
Le deuxième site est beaucoup plus agréable, orientation Nord/Ouest, belle pente bien alimentée par un vent laminaire de 30 à 35 Km/h avec la mer à nos pieds. La zone d’atterrissage derrière nous est vaste, bien dégagée et en pente douce, avec des hautes herbes pour bien amortir.
Rapidement les planeurs sont assemblés et on lance confiant. La pente est bien alimentée par le vent de face et ça grimpe tout seul.
Là, tout vole, que du bonheur. Même notre « jeune retraité » qui était poutant inquiet va se résoudre à lancer son 2 axes, et il va se faire plaisir le bougre.
Bref, tout va voler, de la petite mousse genre Easy Glider à l’Alpina de 4 mètres en passant par un Fox de voltige qui aura du mal à monter (ce n’est pas un gratteur) mais se maintiendra à altitude constante et effectuera quelques figures d’accrobatie.
Alors que le soleil baisse sur l’horizon, le reflet sur la mer nous oblige à cligner des yeux, signe qu’il est temps de rentrer. Un petit groupe part en chasse d’un resto, mais un samedi soir et pour 10 personnes c’est pas gagné. Finalement nous nous rabattrons sur la payote locale du camping ou nous dégusterons une moule/frites succulente arrosée d’un excellent petit vin blanc. Cependant, deux fondus du planeur sont restés sur la pente pour grapiller quelques minutes de vol. De ces derniers instants au soleil couchant, Vincent ramènera de superbe images embarquées, visibles sur son site : http://aeromode.free.fr
La soirée se termine avec des images plein la tête et des tas de projets pour le lendemain.
Dimanche matin, un petit coup d’œil derrière les rideaux de la caravane, horreur c’est la pluie. Qu’à cela ne tienne, ça devrait s’améliorer dans la journée pense t-on. Jean Michel qui loge en hôtel à Cherbourg s’est mis en tête de nous ramener des huitres pour le midi. Seul bémol, tous les commerçants sont fermés. C’est encore une fois sans compter sur la chance. Une passante montera dans sa voiture et le guidera jusqu’au seul vendeur ouvert. Et le voici qui revient avec ses 10 douzaines d’huitres qu’il va falloir ouvrir. En s’y mettant à 2, ça va plus vite. Il faut dire que Jean Michel est plus à l’aise avec le couteau à huitres qu’avec sa radio en pupitre. Bon je plaisante Jean Mi. La pluie aidant, nous nous réunissons tous les 10 sous l’auvent de la caravane. C’est un peu serré mais ça tient.
Alors que les bouteilles de Muscadet s’amoncellent sur les tables, leurs niveau baisse rapidement et la température monte. Il ne reste plus que des coquilles vides et des fonds de bouteilles. Nous sommes repus. Merci Jean Mi, ce fût excellent.
Dehors, la pluie a cessé et un timide soleil apparait. Les débris du repas sont prestement évacués et nous repartons vers la pente des Pierres Pouquelées. Quelques parapentistes sont présents et tentent de voler mais ça ne tient pas. Nous lançons néanmoins 2 planeurs motorisés, et il faut se rendre à l’évidence, impossible de rester en l’air sans moteur, le vent tourne et devient parallèle à la pente. De plus, de gros nuages noirs se dirigent droit sur nous et nous avons juste le temps de regagner nos véhicules avant l’orage.
Cette pluie ne nous quittera plus et dans la nuit du dimanche, c’est la tempête qui s’installe avec des vents atteignant 100 Km/h. Ce sera la fin de ce week end, car la météo est très pessimiste et la depression bien présente le lundi interdira tous vols.
Nous prenons tous la route du retour en nous promettant de « remettre ça » l’an prochain.
Le bilan de ce week end est malgré tout positif. Nous avons découvert un site de vol magnifique et grâce à la compréhension du président du club de Cherbourg, un certain J.Paysant le Roux (le père de notre CPLR national) avec qui je me suis entretenu et qui a facilité notre accès à la pente. Merci à lui.
Alors, si le cœur vous en dit, rendez vous l’année prochaine car il y a au moins 6 « fêlés » qui ont été frustrés de ne pas en avoir profité davantage et espèrent bien y retourner.
Michel MALABAT
La vidéo du week-end
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