Retroplane 2010 à la Wasserkuppe
S’il est un lieu mythique pour l’histoire de l’aéronautique Allemande, et tout particulièrement l’activité planeur, c’est bien la Wasserkuppe. Un tel site semble à priori des plus propices à la rencontre Rétroplane.
UN PEU D’HISTOIRE
A une centaine de kilomètres au Nord/Est de Francfort, la Wasserkuppe est le plus haut sommet du Land de Hesse et culmine à 950 mètres d’altitude. Elle est située dans le massif montagneux Rhön. La rivière Fulda y prend sa source avec une trentaine d’autres ruisseaux. Cette montagne est célèbre dans le monde du vol à voile. C’est là que fut créée la première école de vol en planeur du monde. Il s’y trouve aussi un musée du vol à voile dédié exclusivement aux planeurs et aux modèles réduits, un aérodrome utilisé par plusieurs associations vélivoles, et un centre d’apprentissage.
Des étudiants de Darmstadt y firent en 1910 des essais en vol. Les planeurs étaient alors tractés à l’aide d’élastiques en direction du vent remontant la pente.
En 1922, Arthur Martens resta en l’air pendant une heure. La même année, il fonda l’école de vol à voile « Martens ». A partir de la fin des années 20, on commença à utiliser les courants ascendants.
La pratique du vol sans moteur remonte, de fait, à l’entre deux guerres et résulte des contraintes imposées à l’Allemagne de ne pas se réarmer, de ne l’autoriser qu’à construire des machines sans moteur et de subir de sévères restrictions dans la fabrication d’avions monoplace. Pendant les années 20 et 30, les Allemands développèrent ainsi des planeurs très performants qui leurs permirent de découvrir les méthodes d’exploitation des caractéristiques aérologiques des masses d’air ascendantes, les autorisant à voler plus loin et plus longtemps. Depuis, ce sport s’est répandu dans de nombreux pays, mais l’Allemagne est restée le leader mondial de la conception et la fabrication des meilleurs planeurs de performance.
LE MUSEE DE LA WASSERKUPPE
La Wasserkuppe, c’est le temple du planeur. Il y a bien sûr la piste des « grandeurs » avec une activité intense ou l’on peut faire un vol en « double » mais il y a aussi et surtout le musée. Et quel musée ! Dans plusieurs salles, il y a une quantité incroyable de planeurs, anciens principalement, tous en parfait état et magnifiquement restaurés. Egalement, plusieurs salles de dimensions plus restreintes regroupant des modèles réduits de toutes les époques, moteurs thermiques et radio commandes, même des mono canal (si, si, ça a existé). Enfin bref, tout ce qui touche à l’aéromodélisme est représenté et bien mis en valeur.
Rien que le musée à lui tout seul vaut le déplacement. Si vous êtes en mal d’inspiration pour votre future maquette de planeur rétro, nul doute que vous trouverez là de quoi satisfaire vos envies créatrices.
LA RENCONTRE
Fidèle à son concept, la rencontre s’articule autour de 3 principes :
- L’accueil des participants le vendredi soir (mais on peut être présent bien avant) avec un apéritif dinatoire géant ou les nouveaux venus font connaissance avec les « vétérans », et la traditionnelle exposition des fuselages.
- Les 2 journées de vols « officiels »
- La remise des lots à chaque participant.
Dès le début de la semaine, le camping de la Rhön se peuple de toiles de tentes, caravanes et camping car en tousgenres. Il faut ici remercier Christian Keidel du RHÖN CAMPING-PARK qui nous a accueilli très chaleureusement et a mis à notre disposition un immense barnum avec sol parqueté recouvert de moquette, tables et chaises en quantité, parasols, et 2 réfrigérateurs, le tout gracieusement. Pour les internautes, la WIFI était disponible gratuitement. Quelques familles non équipées pour le camping logent à l’hôtel. En fait, 60 candidats sont inscrits, seul 3 ou 4 ont déclaré forfait. Imaginez un peu la taille de l’apéro pour environ 120 personnes. Les tables se remplissent et chaque année, c’est de plus en plus gargantuesque. Mais jusqu’où iront ils ? Chacun ayant amené quelques spécialités de sa région et/ou pays, il y en aura pour plusieurs jours.
Ha oui, je ne vous l’ai pas encore dit, mais Rétroplane est une rencontre internationale, avec des Allemands, des Tchèques, des Suisses, des Irlandais, des Belges, des Autrichiens et bien sûr, des Français. Très cosmopolite n’est ce pas ? Durant tout le séjour, l’entente a été parfaite dans notre petite communauté. Avant d’entamer les festivités, les organisateurs ont souhaité faire l’exposition des fuselages au camping. En effet, certains planeurs subiront quelques dégâts lors des vols, mais fort heureusement réparables. Cette année, près de 90 fuselages ont été alignés côte à côte. Excusez du peu. C’était assez impressionnant et extrêmement diversifié avec une nette tendance au bois vernis. Voir la galerie photo qui sera plus parlante qu’un long discours. Une mention très spéciale également à Stefan (il se reconnaitra) et à son épouse, toujours disponibles et souriants, pour toute la préparation de Rétroplane, il a été extrêmement persuasif auprès des responsables du site de vol, car nous avions à disposition les pentes réservées pour notre seul usage pendant 2 jours. Quant on sait que le club local organise une rencontre planeur annuelle et ne dispose que de 4 heures… ça en dit long sur la préparation et certainement un dossier béton. Bravo ! |
LES VOLS (enfin)
Le samedi matin, tout le monde est sur le pied de guerre, bien décidé à voler un max jusqu’à en avoir mal aux pouces. Les AQ sont chargés à fond et les planeurs sont dans les voitures. Direction les pentes de la Wakku (dans le jargon local). Inspection du tableau du site, et c’est la pente Sud qui sera utilisée aujourd’hui. Nous faisons connaissance avec le chef de piste, équipé d’un mégaphone pour rappeler à l’ordre les indisciplinés qui ne respectent pas l’espace de vol ou ne se posent pas dans la zone dédiée. Le tout dans la langue de Goethe, mais heureusement nous avons un traducteur.
Dès le matin il fait déjà très chaud et pas un arbre pour s’abriter. L’après midi, le mercure monte encore de plusieurs degrés. ‘sont pas bien là haut, qui a ouvert le chauffage en grand ?
Paradoxalement à cette canicule, il n’y a presque pas de vent et de plus, il tourne légèrement à l’Ouest. Un comble pour du vol de pente. Quelques irréductibles installent une catapulte et les planeurs équipés d’un crochet sont lancés tout comme l’étaient leurs ancêtres dans les années 20. Les conditions sont telles que la descente au trou est inéluctable, mais la pente est douce et il y a un tapis de verdure en contre bas qui permet de poser sans risque. Quelques ascendances ont permis de beaux vols, sans toutefois pouvoir remonter bien haut.
Il fallait oser catapulter sa machine, bien peu ont pris le risque. Bravo à ces pilotes.
REMISE DES PRIX
Ou plus exactement remise des lots, Rétroplane n’est pas une compétition mais une rencontre ou chacun vole pour le plaisir sans obligation ni contrainte. Or donc, le samedi soir, après une journée épuisante en raison de la chaleur, le camp de base se prépare pour un nouvel apéro géant, suivi de la remise des lots. Chaque participant se voit remettre une plaquette en bois, amoureusement gravée par Vincent (notre grand gourou, initiateur de la rencontre) à l’effigie de Rétroplane 2010 et de l’aigle, symbole de la mémoire des pilotes disparus de la Wakku, plus un teeshirt imprimé. Et puis, c’est le tirage au sort où quelque 300 lots sont distribués à tous les pilotes/constructeurs. Merci aux sponsors et aux généreux donateurs qui gratifient cette rencontre pour le plus grand plaisir de tous. Dans le désordre, on peut remporter : Un short kit de planeur (rétro bien sûr) des plans de construction, différentes sortes de colles, des mugs, abonnements à des revues, et encore bien d’autres choses. Tout le monde repartira avec son (ses) cadeau (x), c’est bien agréable.
Les vols du dimanche
Tôt le matin, on enregistre les premiers départs afin de profiter au maximum des vols. La journée s’annonce encore chaude (mais qui a oublié de fermer la manette du chauffage ?), cependant plus nuageuse que la veille et des orages sont annoncés. Le vent est toujours faible, environ 10/15 Km/h et il a tourné au Nord/ouest, ce qui nous oblige à changer de secteur. La pente N/O de l’Abstrodaer Kuppe est beaucoup plus abrupte que la pente Sud, et parsemée de sapins. De plus, l’aire d’atterrissage est plus exigüe. Le vent est capricieux, pour ne pas descendre au trou, il faudra bien choisir son créneau. Néanmoins, de beaux vols sont effectués, pratiquement tous les planeurs ont volé, certains se sont posés aux vaches et la remontée à pied en a épuisé plus d’un.
En fin d’après midi, l’orage gronde, c’est le repli en bon ordre et la fin de la rencontre.
Epilogue
Cette édition 2010 de Rétroplane se termine comme elle a commencé, c’est-à-dire par un apéro géant, il reste encore beaucoup de provisions, même si l’on n’a pas volé autant qu’on l’aurait souhaité en raison des conditions météo un peu limites, l’accueil chaleureux, les soirées festives et un site aussi exceptionnel, font que l’on n’a qu’une envie : y retourner.
Un an pour la prochaine édition, ça va être long, mais ça sera plus proche. Retour en France, dans le Cotentin près de Cherbourg, au mois de Juillet. Une bonne occasion de venir passer des vacances en famille dans cette belle province.
Texte et photos : Michel MALABAT
Rétroplane, le site : http://www.retroplane.net
Les sponsors :
Coopaéro Glidingbookshop Euberlay Modélisme Islandmodels Matthew’s Models Pilots Modellismo Modèle Magazine Aufwind |
Les lots privés sont de : Stefan MAC17 – Pierre Jean Paul Walter Johannes
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