Concours durée/précision à la Teck Pokal (Allemagne)
Le club de Kirccheim organise tous les ans au mois de Septembre une rencontre planeur durée/précision de renommée internationale sur les pentes de la Teck Pokal. Le taux de participation est tellement important qu’il est prudent de s’inscrire 2 ou 3 mois à l’avance. Embarquement immédiat pour un voyage au pays du planeur.
Depuis le temps que j’en entends parler, j’ai voulu me rendre compte par moi-même. La Teck, comme on dit, est un concours durée/précision un peu particulier, en ce sens que le lancer du planeur se fait à la main depuis le bord de la pente. Enfin … quand le vent est bien orienté, car cette année là, il était perpendiculaire à la crête, et la portance nulle sur ce versant. La mise en altitude s’est donc effectuée à l’aide de treuils électriques. Kirccheim est une petite bourgade typiquement Allemande à l’Est de Stuttgart, à environ 150 km de Strasbourg, desservie par une autoroute.
(cliquez sur les photos pour les agrandir)
C’est aussi le fief de la maison Graupner qui sponsorise la rencontre et la dote de lots somptueux. Qui peut participer ? Tous modélistes possédant un planeur équipé d’un crochet, capable de tenir l’air dans du petit temps, qu’il soit en 2 axes ou 3 axes et ayant des ailes assez solides pour résister aux treuillages. Naturellement, les machines les plus adaptées sont les planeurs de type F3J optimisés pour ce genre de compétition.
En 2007, il y avait 162 compétiteurs inscrits et tous ont effectués 5 manches sur les 2 jours que dure le concours. L’organisation y est exceptionnelle d’efficacité et de rigueur. Les hostilités commencent dès 9 h du matin, et tout est prêt pour démarrer à l’heure. Une fois que le concours est lancé, plus rien ne l’arrête. Le site de vol est superbe, la pente modérée et quand le vent est bien orienté, la portance est excellente. La zone d’atterrissage ou est tracée la cible, matérialisée par de la sciure de balsa (écologie oblige) est en retrait de la crête, avec un petit piège. Nous y reviendrons plus tard.
Sur la colline voisine, le château de la Teck, tout droit sorti d’un conte des mille et une nuit domine le site de toute sa splendeur.
Parfois, le ciel est occupé par des planeurs grandeur, modernes ou vieilles toiles, lancés au treuil depuis les 3 aérodromes voisins et cherchant la bulle au dessus des collines. La pratique du planeur sous toutes ses formes est vraiment une institution chez nos amis teutons.
Revenons à notre concours. Deux camions sont montés au sommet de la pente herbue, (ils sont équipés de chaînes à neige) ils servent de régie radio et au transport du matériel.
Tout est informatisé pour le comptage et la logistique, avec les résultats en live. Chaque concurrent a son dossard, et un sticker à code barres est collé sur les émetteurs qui sont ensuite remis contre un badge avec le N° du dossard. Un départ est donné toutes les minutes, voir toutes les 30 secondes si les conditions le permettent, à l’aide des 3 treuils installés côte à côte, de 9 heures du matin à 18 heures sans interruption. Ouf. Il faut suivre le N° des dossards devant soi, car si vous passez votre tour il n’y a pas de rattrapage et la manche est comptée zéro.
Le repas du midi pour les 2 jours est compris dans les frais d’inscription. Un traiteur est installé sur le parking , il vous remettra sandwich et boisson en échange d’un ticket.
Enfin c’est mon tour. Quelques minutes avant le départ, je retire mon émetteur à la régie et direction le treuil.
La tension monte, (en même temps que le fil se tend) c’est mon premier lancé de ce type avec cette nouvelle machine. Les interrogations se bousculent dans la tête : est ce que les ailes vont tenir, le planeur va t il monter droit ou bien se vautrer 10 m devant moi ? Et d’autres questions du même tonneau.
Arrimage de l’anneau au crochet, le cœur s’affole. Coup d’œil au treuilleur en chef, tout est O K, on lâche tout. Plus le temps de penser, il faut agir vite, contrer les éventuelles petites dérives et gérer la pente de montée. Mes craintes n’étaient pas fondées, le planeur monte tout droit et quelques minimes corrections à effectuer que déjà le K2 (c’est son nom) a atteint l’altitude maximum du fil. Vite, rentrer les volets et une petite ressource pour que le planeur se libère. Pour les treuillages suivants, ayant pris de l’assurance, j’effectuerai un « zoom », ce qui permet de gagner une dizaine de mètres supplémentaire en altitude. Il s’agit de tenir l’air 2mn 30 secondes, ni plus ni moins et de poser au centre de la cible tout en passant entre 2 poteaux espacés d’une quinzaine de mètres. Cette fameuse cible est un vrai piège. Elle est définie par un couloir central de quelques 30cm de large sur 50 cm de long environ.
C’est là ou l’on marque le maximum de points et il faut s’y poser à la seconde près, sans que le planeur ne tourne sur lui-même. Toute seconde en plus ou en moins est décomptée du temps de vol (souvenez vous, 2mn 30s soit 150 secondes) auxquels on rajoute les points de la cible, qui eux même sont dégressifs, selon la distance par rapport au centre. Et pour corser le tout, un planeur qui pivote au sol de plus de 90° voit ses points de cible diminués de 50% et en cas de 180° c’est un zéro pointé. Si l’atterrissage est en dehors de la cible, c’est tout le vol qui est compté zéro. Beaucoup moins simple qu’il y parait, et on s’applique. Comme vous le voyez, la cible est primordiale. Quelques secondes de vol en plus ou en moins n’ont pas une grosse incidence sur le classement, excepté pour les places d’honneur ou les concurrents se livrent une bataille serrée. Je vous parlai d’un petit piège dans la zone d’atterrissage quelques lignes plus haut. En amont de la cible, le profil du terrain forme un creux de quelques mètres créant une déportance qui aspire littéralement le planeur et celui-ci se retrouve immanquablement au sol. Ce phénomène n’a pas été trop marqué cette année, le vent étant travers à la pente. Néanmoins, il faut arriver assez haut gérer la descente aux aéro freins, ne pas prendre trop de vitesse sinon le planeur glisse, glisse … à n’en plus finir et la cible est manquée. Cela se répètera 5 fois au court du week end, avec des fortunes diverses, entrecoupé de récupération du fil de treuillage , de la visite du parc à planeurs (plus de 200 modèles) et de l’entraide aux concurrents de l’équipe. Ainsi, le temps passe très vite
Samedi soir, François Beaudoin, responsable Graupner des ventes pour la France et le Bénélux invite toute la délégation Française au restaurant à Kirccheim ou nous avons passés une excellente soirée à déguster les spécialités régionales aux noms imprononçable pour qui ne maîtrise pas la langue de Goethe.
Merci à lui et à Graupner pour cet intermède savoureux. Pour illustrer les bons rapports qui unissent la délégation Française avec le club Allemand, ceux-ci éditent sur leur site une page d’inscription en Français. Et aussi avant le départ d’une manche, le speaker nous gratifie au micro d’un délicieux « fous pouffez y aller. » Sympa non ?
Afin que les pilotes ayant de la route à faire ne repartent pas trop tard, le concours cesse vers 16 heures. Entre temps, les organisateurs ont dressés un espace clos dans lequel un impressionnant éventail de lots est présenté. La distribution est effectuée par Mr Graupner en personne et son fils qui sont présent toute la journée du dimanche. Tous les concurrents repartiront avec un lot. Pour terminer ce week end, les pilotes officiels Graupner nous gratifient de démonstrations en vol des produits de la marque, allant du grand planeur au bi plan de voltige en mousse et cela dans des conditions de vent pas toujours adaptées aux modèles, mais la connaissance du site leur permet de nous faire des présentations de qualité.
Toutes les bonnes choses ont une fin et c’est à regret que nous prenons la route du retour en se faisant la promesse d’y retourner.
Si à votre tour vous souhaitez participer, n’hésitez pas, je vous y encourage même. L’accueil est excellent et c’est l’opportunité de se mesurer à des compétiteurs de haut niveau sans prise de tête car il n’y a pas d’enjeu et peu importe le classement, le principal est de participer. Contactez moi, je vous donnerai toutes les infos utiles.
Michel Malabat