Création d’un Paolo !! Enfin presque ! au Vietnam…
Reçu d’un lecteur de notre site:
Bonjour,
Tout d’abord, je dois remercier votre site et le site Espagnol pour toutes les infos que l’on peut y trouver, et le plan du Paolo.
Voilà, j’habite au Vietnam depuis 12 ans, et j’ai entrepris de fabriquer un voilier radio commandé. Seulement mon problème immédiat a été la quasi inexistance de tout pour cette création.
Bon, étant bricoleur, j’ai pensé que cela était faisable.
Je voulais un bateau de taille d’environ 1 m, j’ai donc pris les plans et les ais agrandis pour obtenir la taille souhaitée.
La construction fait 97 cm.
Par ailleurs, la coque de type bouchain me convenait bien, étant donné que pour avoir une coque arrondie, j’aurais du fabriquer des baguettes à partir d’une planche.
J’ai donc créé la maquette à partir de contreplaqué de récupération et de mauvaise qualité et coulé un moule en fibre de verre pour finalement y couler la coque définitive. je dois avouer avoir une très longue expérience en matériaux composites pour avoir fabriqué plus d’une centaine de kayak, plastifié un Corsaire et un bateau de plaisance de 12m, sans compter le nombre de cabine de 4×4 land cruiser.
Mon problème a surtout été de trouver les matériaux, et à force de demander, j’ai trouvé des Chinois installés à Cholon qui vendent du composite au milieu de produits alimentaires en gros, ainsi que tout un tas de produits chimiques.
La résine est un peu différente de la notre en France, car elle est de fabrication chinoise. Par contre, je m’inquiétais compte tenu de la température de l’air qui est à 32° et de l’humidité presque à 90% à cette époque de la saison des pluies. En fait, la résine est adaptée et je n’ai pas souffert de problèmes particuliers. Il n’en a pas été de même avec les démoulants de qualités plus que médiocre, et j’ai du couler 2 fois la coque et reponcer 2 fois le moule !
Tous les accessoires des gréements sont faits de radiateurs de transistor, que j’ai découpés et polis. Les fixations sont des bouts de rayons de vélos, les attaches de câbles sont des cordes de guitare, j’ai récupéré une baguette de 6 mm en carbone d’un cerf volant pour le mat, mais c’est beaucoup trop faible et il se tord facilement.
Pour la quille, j’ai coulé 2 baguettes de carbone et ai fait tout l’intérieur en alvéole de polyester, afin d’obtenir le plus de rigidité physique possible, le plomb faisant lui même 2 kilos. Le résultat est impressionnant car la torsion est infime, à peine plus d’un milimètre. Par contre, je passe sur les heures de travail pour créer l’alvéole dans une épaisseur au maximum de 8 mm : à la pince à épiler ! J’ai utilisé la même méthode pour le gouvernail.
Pour les voiles, je n’ai rien trouvé de mieux que de la toile en nylon, lourde et extensible, mais pas le choix.
La baume de foc est en bambou. Le passage de gouvernail est fait d’un bout de rouleau à peinture, les passages d’écoutes sont des bouts de tuyau de perfusion. En bref, cela m’a seulement coûté la résine et la radio Futaba, dont j’ai transformé un servo en treuil, et 3 mois de travail à raison de 3 à 5h par jour. Le reste n’est que de la récupération.
J’ai fait les premiers essais ce week end, au village de ma femme dans le Mékong, et j’ai été surpris de voir le comportement presque parfait. N’aillant pas encore fait (et résolu) l’étanchéité des trappes de visite, je n’ai pas osé trop forcer, mais à aucun moment l’eau n’est passé sur le pont. L’équilibre est qualifiable de parfait et même en faisant des empennages volontaires, il n’a pas montré le moindre enfournement ou déséquilibre, alors qu’au premier jour, le vent était important. Le dynamisme est aussi impressionnant, car dès qu’une risée arrive, il décolle littéralement et file parfaitement droit. Par contre, j’ai été surpris par le dynamisme du gouvernail, et le virement de bord se fait pratiquement immédiatement. Au moindre coup sur la gouverne, il réagit immédiatement et très vivement, voir trop. Par contre, dès que la commande est relâchée, il se remet parfaitement droit, et le bateau se met sur sa trajectoire sans le moindre écart ou hésitation.
Bon, je trouve juste mon gouvernail très violent, car l’effet est immédiat, mais je pense avoir créé un bateau tolérant qui permet beaucoup d’erreurs de pilotage. Il pèse un peu plus de 4 kilos au total.
C’est ma première construction radio commandée, et un vieux rêve que je réalise à 42 ans !! C’est pourquoi j’ai eu envie de partager avec vous cet instant de bonheur et vous remercier encore pour vos conseils, sans lesquels je n’aurais réussi.
Le 11 décembre, je vais faire les seconds essais dans le golfe de Thaïlande, car je vis à Saigon, et il n’y a rien pour faire flotter un bateau, quoique, je vais peut-être obtenir l’accès à un petit lac dans un parc touristique du centre ville.
Georges BLANCHARD