Le vol de l’Albatros
POUR LES AMATEURS DE SENSATIONS FORTES
C’est par un beau matin de novembre quelque part sur la côte d’azur que je roule vers un aérodrome, non pas pour voir évoluer des modèles réduits mais pour réaliser un rêve : Vivre pendant quelques instants les sensations d’un pilote de chasse.
- Aéro L39 Albatros
Ce vol va s’effectuer sur un avion militaire d’entraînement et de combat de construction tchèque « Aéro L39 Albatros ». Il est encore utilisé dans plus de 30 pays.
Il est équipé d’un turboréacteur de 1,750 tonnes de poussée, vitesse maxi 900 KM/H, accélération maxi +8G / -4G. Cette journée commence par les formalités administratives (dont le certificat médical) et la présentation du pilote « Téo » Il est actuellement pilote sur mirage 2000 et a en outre passé 4 ans au sein de la patrouille de France.
Pendant le briefing nous sont expliquées les caractéristiques de l’avion ainsi que les mesures à prendre en cas d’éjection (le risque zéro n’existant jamais) et bien sûr le déroulement du vol.
Le premier co-pilote revêt la tenue et la combinaison anti-g et se dirige avec le pilote vers l’avion qui a été sorti du hangar. Le co-pilote solidement arrimé à son siège, le pilote prend sa place, ferme la verrière puis met les gaz. Et c’est parti ; rien que du sol, je m’imagine les sensations.
Vient enfin mon tour.
Revêtu de la tenue complète de pilote, je m’assois enfin dans l’avion. Le pilote me sangle solidement sur le siège, me fait répéter les consignes en cas d’éjection, puis je passe le casque et le masque.
Le pilote aux commandes, le moteur lancé, nous nous présentons en bout de piste.
L’avion roule sur 500 mètres, quitte le sol à environ 200 KM/H et aussitôt fait un virage serré à gauche vers la mer tout en accélérant. Ma première impression est d’être dans un grand huit, en plus rapide !!!
Quelques petites minutes plus tard au-dessus de la mer, nouveau virage serré à droite ; les évolutions, plus musclées, commencent.
Je ne me souviens plus très bien dans quel ordre, mais se sont succédées plusieurs figures : des boucles, un tonneau rapide, une barrique, un vol sur le dos, un tonneau lent …. Le plus éprouvant a été quand, à la fin d’une remontée au sommet d’une boucle, je me suis retrouvé en état d’apesanteur (0g) pour, quelques secondes plus tard à l’issue d’un « piqué » sur la mer, me retrouver « scotché » sur mon siège pour une remontée vertigineuse (j’ai senti comme un gros poids m’enfoncer dans mon siège – environ 5g-).
Nous retournons vers la terre et le pilote me laisse un instant les commandes. Je peux sentir brièvement l’avion dans ma main. Arrivés sur le relief, très jolie vue du ciel, nous sentons que le mistral souffle fort, on l’avait oublié au-dessus de la mer.
Mon vol se termine par un passage au droit de la piste suivi d’un break très serré pour revenir en bout de piste et atterrir.
Si je n’ai pas été malade un instant, il était tout de même temps que ça s’arrête ; à l’arrivée j’étais bien pâle.
J’ai passé un moment inoubliable, des sensations inhabituelles, et je garderai longtemps en mémoire cette partie de la côte vue du ciel (ce n’est pas tous les jours qu’on peut faire Bandol, la Ciotat la tête à l’envers au dessus de la mer à 500 KM/H)
Le seul regret, c’est de ne pas avoir pu être filmé dans le cockpit pendant les évolutions.
Si c’était à refaire ? Pas de problème, j’y retourne !!!!
J. M. GERARD